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9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 19:30


Au moyen age, ou à la préhistoire, comment faisait on pour allumer un feu ?

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Un simple feu comme tous les jours pour se chauffer ou faire cuire sa nourriture...


Pour répondre à cette question qui est beaucoup moins simple qu'il n'y paraît il faut tout d'abord s'en poser une autre :

Qu'est ce que le feu ?                                               (   :-)  encore moins simple que la première question ! )


  Les mots comme chaleur, flamme, brûler, combustion viennent à l'esprit et on va tenter de clarifier un peu tout celà.



La combustion

Pour rester simple, une combustion est une réaction chimique rapide qui dégage une forte chaleur.

Réaction chimique veut dire qu'il faut au moins deux substances en contact qui vont se transformer en d'autres substances :

Elle met en jeu un combustible (qui brûle), un comburant (qui fait brûler) et un apport de chaleur qui permet la réaction. Ces trois composantes indispensables sont rassemblées sous un schéma qui s'intitule le "triangle du feu".
trianglefeu.jpg
image disponible sur le site de l'inrs : http://www.inrs.fr/htm/incendie_et_lieux_de_travail_1.html

Lors de la combustion d'un morceau de bois par exemple, les atomes qui composent le bois (sous forme de molécules de cellulose) vont se réorganiser avec les atomes d'oxygène présents dans les molécules de dioxygène de l'air. Comme les molécules formées (le dioxyde de carbone et l'eau ) sont de petites molécules plus stables qu'auparavant, de l'énergie est libérée sous forme de chaleur.

Quand le bois(combustible)  rencontre le dioxygène (comburant), ces substances réagissent ensemble.

Pourquoi alors peut on stocker longtemps du bois à l'air libre ? Il devrait réagir avec l'oxygène de l'air !

La réaction ne se produit pas toute seule car les atomes dans les molécules du bois n'ont pas assez d'énergie à la température ambiante pour se décrocher afin de rencontrer l'oxygène et de réagir avec lui... C'est pour celà qu'il faut presque toujours chauffer pour allumer quelquechose.


Pour résumer : Il faut toujours commencer par casser d'abord la matière ( rompre les liaisons entre les atomes) avant que la réaction de combustion commence.(qui fabrique de nouvelles liaisons entre atomes)

Il faut aussi se trouver dans un endroit où un comburant est présent
  ! ! (sur Terre c'est le dioxygène présent dans l'air) sinon, il faut l'amener sur place :

Underwater-welding-cut.jpg 
Ici un plongeur réalise une soudure sous l'eau grâce à un chalumeau oxy-acétilène. (l'oxygène est amené en même temps que le gaz qui brûle et la flamme est sufisamment chaude pour vaporiser l'eau et permettre en plus la soudure.)


Faire du feu :


Alors, nous avons des morceaux de bois, des brindilles, des herbes sèches... qui sont des materiaux fortement combustibles, et l'atmosphère qui nous entoure (presque) tous contient environ 21% de dioxygène.

Que faut il faire pour allumer le feu ?

Si vous avez bien suivi la partie précédente, vous devriez me dire : il faut chauffer ! :-)

C'est donc ça, il faut échauffer suffisament notre combustible pour que ses atomes se décrochent et réagissent avec le dioxygène de l'air... d'accord.

Bien... se pose donc le problème suivant : si on a pas de feu, comment fait-on pour chauffer notre combustible...?

allez...

hé ho !

(je vais pas tout dire ! ! vous devez faire mentalement ou proprement à l'écrit une liste d'au moins trois  méthodes différentes ! !)

allez !

...
...

c'est bon ?

Alors, on a un certain nombre de méthodes plus ou moins développées techniquement...

  • Le frottement du combustible

C'est le principe du briquet à friction préhistorique où on frotte ou fait tourner deux morceaux de bois l'un contre l'autre jusqu'à ce que la sciure formée atteigne une température suffisante pour réagir avec l'air et s'embraser.



C'est aussi le principe du briquet médiéval où le frottement contre l'arête de silex échauffe le copeau d'acier arraché qui va lui même brûler dans le dioxygène de l'air et permettre a son tour d'allumer un autre combustible.



L'allumette marche aussi ainsi : le frottement de l'embout contre le grattoir permet d'atteindre la température suffisante pour que les produits chimiques en contact réagissent ensemble.



  • La lumière solaire

On peut aussi concentrer les rayons solaires à l'aide d'une lentille convergente (loupe) afin de chauffer localement suffisamment pour embraser un morceau de papier ou des herbes sèches.


(si votre loupe est normale et pas géante,  je vous conseille d'utiliser du papier canson noir comme combustible... mais seulement après avoir réfléchi pourquoi !!)

  • La compression de l'air
Lorsqu'on gonfle une roue de vélo, on se rend vite compte que la pompe s'échauffe vite. Le frottement du piston n'en est pas la cause et cet échauffement provient de la compression rapide de l'air lui-même.
Un gaz comprimé rapidement voit sa température augmenter et si on le comprime suffisament (divise par 7 environ son volume initial ) la température atteinte suffit à embraser un morceau de tissu ou d'amadou placé à l'extrémité du piston.

  • L'énergie électrique
On peut aussi utiliser une source de tension électrique pour faire une étincelle. Attention ici au terme "étincelle" qui a plusieurs sens... On a parlé de l'étincelle du briquet à silex qui est un morceau de métal (fer) qui brûle dans le dioxygène puis s'éteint. L'étincelle électrique n'est pas de la même couleur et rien ne brûle en elle : les gaz traversés par le courant électrique s'échauffent vivement et émettent différentes types de lumière.

La foudre ( dont les conséquences ont certainement servi aux hommes préhistoriques pour domestiquer le feu) est une grosse étincelle électrique.

C'est ce qui est utilisé aussi dans les briquets dits "électroniques" qui sont piezoélectriques (un cristal comprimé engendre suffisamment de tension entre deux pointes de métal pour faire une étincelle).



On peut aussi faire passer un courant électrique dans un materiau assez résistant pour qu'il s'échauffe suffisament : c'est le principe de l'allume-cigare d'une automobile, un serpentin de métal est porté à incandescence par un courant fourni par la batterie.



Voilà donc un bref tour d'horizon des différentes méthodes d'allumage.




Pour plus d'informations, je vous renvoie à notre ouvrage sur le briquet à silex, qui vient de paraître aux éditions Emotion Primitive :  Le briquet médiéval, silex et acier, une rencontre étincelante".







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8 août 2007 3 08 /08 /août /2007 18:07


Cette catégorie regroupe nos diverses expérimentations de tannage :

paladru-tannage-486-resize.JPG   paladru-tannage-477-resize.JPG   paladru-tannage-483-resize.JPG

Une peau de sanglier... Il reste beaucoup de déchets accrochés à la peau (graisse et reste de viande), il faut donc gratter tout ça !  (pas facile, surtout sans couper les racines des poils ) Ici, faute de couteau à écharner, nous avons utilisé un couteau à pied (ou demi-lune) de sellier.

Ensuite, on sale la peau raclée afin que l'eau sorte et que la peau ne pourrisse pas, la peau est enroulée et mise à égouter sur un plan incliné. Une fois la peau sèchée, on peut la conserver en attendant..

paladru-tannage-487-resize-copie-1.JPG

Elle devra ensuite être tannée sinon, même séchée, elle restera putrescible.



Expérimentation été 2007


Echarnage de peau de lapin : si on trouve "l'ouverture facile" c'est facile ! ! :-)

anim-charavines-2007-087.JPG anim-charavines-2007-088.JPG


La peau de lapin est très fine et délicate, sur les conseils d'un tanneur professionnel, nous n'avons pas utilisé de couteau et avons tout fait avec les doigts (merci Marine !). La couche de l'hypoderme se détache en une seule fois avec un peu de pratique. Reste le derme avec sa fourrure qui seront plongé dans un bain d'eau tiède où l'on ajoute un peu de sel, de l'alun, des oeufs et de la farine.

La peau de lapin est très facile à traiter de cette façon, on peut dire qu'elle est "mégie" et non pas tannée car aucun tannin végétal n'a été utilisé.

Après 4 jours de trempette, les peaux sont tendues sur cadre et rangées dans un endroit frais en été, pour ne pas que l'eau s'évapore trop vite et que le collagène de la peau ne souffre de la température.

L'opération la plus délicate est bien la mise en tension sur un cadre, la fine peau se déchire facilement, il est indispensable de tendre progressivement et sans forcer. Il faut utiliser une cordelette assez grosse pour ne pas fendre la peau lors de la tension. Ici pour ne pas tacher le cuir lors du perçage, nous avons fabriqué une pointe en os bien utile...

 

grattage-peau-172.JPGgrattage-peau-171.JPGgrattage-peau-170.JPG

 

Peaux de chevreaux :

Echarnage et ébourrage des poils pour obtenir par la suite du cuir et non de la fourrure.

peau-chevre-99-resize7.JPG anim-charavines-2007-107.JPG
Même opération pour les chevreaux, la peau est écharnée avec un couteau de sellier (à gauche) et ébourrée à l'aide d'un couteau spécialement fait pour ça ( merci Seb !). A droite, la peau à été préalablement mise à tremper dans un bain de cendres (pH 14), nous ne l'y avons pas laissé assez longtemps car les poils s'épilent difficilement, une bonne semaine eut été préférable.

Après un bon rinçage, les peaux sont pickelées dans un bain de son fermenté (pH 5), cette opération servirait à faire descendre le "pH" de la peau et la prépare à recevoir la "pate à crèpes" comme pour les peaux de lapin ci-dessus.

Toutefois une fermentation contrôlée permet de faire tomber les poils sans utiliser de bases (cendre, chaux), il rendrait le cuir plus souple mais cette opération nécéssite plus d'expérience.

Ces images sont peu apétissantes mais il ne se dégage aucune odeur malsaine de ces traitements.

On tend ensuite les peaux sur des cadres.
   
Elles sont mises à sécher à l'ombre, et on gratte avec un silex tranchant pour finir d'enlever les morceaux de peaux résiduels et commencer à l'assouplir.

grattage-peau-174.JPG  grattage-peau-175.JPG

Pour finir, un petit coup de pierre ponce, pour lisser la surface du cuir.

grattage-peau-193.JPG grattage-peau-192.JPG grattage-peau-191.JPG
Détail de l'aspect de la peau côté chair après la finition.

Les peaux ci-dessus ont été tannées rapidement à l'aide d'un mélange assez étrange : dans de l'eau on ajoute de l'alun, de la farine et des oeufs et une pincée de sel; puis on laisse tremper les peaux 2 à 5 jours dans ce mélange. Elle sont ensuite assouplies sur une lame à tanner ou sur la tranche d'une planche en bois.



Recette de mégie :
 


> Écharner la peau comme montré ci-dessus, il y a un petit coup de main à prendre. Dans les 48 h après l'abattage.
Si la peau est sèche / salée, il faut la rincer 24 heures dans l'eau de pluie ou dans la rivière (si pas de sel !!). Mais le mieux est de procéder sur une peau fraiche.

> Préparation de la peau (pickelage) : 10 l d'eau et 10 poignées de borax (12h) puis rinçage
ou étaler sur les peaux du son fermenté. (cela ouvre les pores et prépare à l'opération suivante) ou de l'eau légèrement vinaigrée.

> Dans 10 L d'eau tiède (25 °) 500 g d'alun, 500 g de sel, 6 jaunes d'oeuf, 3 poignées de farine blanche, il faut bien dissoudre l'alun.
Dans 10 L, nous avons fait 5 petites peaux de lapin

> Touiller et immerger les peaux 24 à 48 h, jusqu'à 72 h, examiner souvent la peau se gonfle légèrement et change d'aspect et de texture. (garder la mixture dans un endroit tiède)

> Puis rincer 10 mn les peaux dans un 10 l d'eau tiède ajouté de 100 g de bicarbonate de soude.

> Égoutter sur cadres ou perches (ne pas exposer au soleil), puis palissonner avant séchage complet (frotter la peau coté chair sur l'arête d'une planche ou d'une lame en métal pour l'assouplir) : opération longue.
 Au besoin poncer la peau au papier de verre gros pour amincir la peau.


Essayez de travailler la peau avant qu'elle soit complètement sèche et ne pas sécher trop brusquement la peau.

> Voila ! Nous vous souhaitons une bonne mégie et n'hésitez pas à nous faire part de vos expériences.


Nous observerons comment les peaux se conservent dans le temps, si l'humidité a une action néfaste car le traitement à l'alun serait réversible.

Le "tannage" à l'alun ou plutôt le mégissage est une technique très ancienne, les Hittites utilisaient déjà cette substance (environ 5000 ans), c'est un sel natif double d'aluminium et de potassium.

Aussi étrange que cela puisse paraitre, le "tannage" à l'alun n'existe pratiquement plus de nos jours, (sauf chez certains artisans tanneurs), le rôle de l'alun n'est clairement pas expliqué de nos jours, bien que effectivement ça marche, pourquoi ça marche on ne sait pas....



Il existe d' autres modes de tannages, nous les avons brièvement exposés dans l'article dans le blog astelier du cuir.

 

De nos jours, le tannage des peaux se fait à 90 % aux sels de chrome (qui est produit très toxique !).
Dans notre pays des lois draconiennes empèchent aux tanneries de rejeter des produits chimiques directement dans la nature, mais ce n'est pas le cas partout.

En Inde, ou pire, au Bengladesh, c'est un vrai désatre...Dans un reportage sur Arte, j'ai vu des ouvriers de tanneries immergés dans un bain de chrome à touiller les peaux, sans aucune protection. Les résidus sont ensuite déversés directement dans la rue.

Malgré le fait d'être très allergène et cancérogène, le chrome (3 ou 6) est largement utilisé dans les industries modernes de part le monde. Le cuir "chromé" est "résistant et pas cher", c'est un énorme désastre écologique et humain.

Dans notre association, tous les cuirs utilisés pour nos fabrications proviennent de France ou d'Italie et sont tannés à l'aide de matières végétales.

 

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6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 11:05

L'association Orchis était présente lors des Charivarines 2007 sur le campement médiéval.

Nous avons présenté un atelier de travail du cuir et un atelier illustrant les différentes méthodes de production de feu.

L'atelier travail du cuir
:



Le stand :anim-charavines-2007-012.JPG




Sous ce auvent sont présentés différents objets que l'on peut confectionner en cuir, ceintures, baudriers, escarcelles, besaces, aumonnières...


Sur le sujet du cuir, vous pouvez consulter le blog consacré plus particulièrement à nos recherches et reconstitution :

astelier-medieval-du-cuir.over-blog.com


Démonstrations des tecniques de découpes du cuir, de coutures à l'aide d'un étrier à coudre (ancêtre de la pince à coudre )...

De nombreuses escarcelles de reconstitution étaient présentées ainsi que des ceintures, gourdes en cuir etc ...

On peut même fabriquer des armes avec seulement du cuir : c'est la fronde si chère à  David contre Goliath !





Atelier participatif pour les enfant, initiation à la gravure sur cuir et confection de petits objets.


anim-charavines-2007-071.JPG








Utilisation des matoirs pour faire des motifs sur le cuir.















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Un futur apprenti en plein labeur :

Il faut bien les deux mains ! !













L'atelier production de feu :



anim-charavines-2007-016.JPG
Quelques objets réalisés à la forge : pinces, couteaux bougeoirs et briquets




Le briquet médiéval à silex       
                                                                                

Un briquet est un objet forgé en acier qui permet lorsqu'il est frotté vivement contre l'arête d'une pierre plus dure comme le silex d'obtenir des étincelles qui serviront à allumer un morceau d'étoupe ou d'amadou.
anim-charavines-2007-033.JPG
























  










Le briquet à friction préhistorique :


un arc permet de faire tourner un morceau de bois circulaire (drille ou foret) sur une planchette.

Le frottement engendre de la sciure qui s'échauffe, se carbonise et finit par s'embraser.

anim-charavines-2007-053.JPG

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17 mai 2007 4 17 /05 /mai /2007 01:15

Et  zouuuu  ! c'est ouvert !!
 et BIENVENUE à tous les curieux !

N'hésitez pas à donner votre avis, cela nous permettra d'améliorer ce site !

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Présentation

  • : ORCHIS : Organisation de recherche culturelle historique et d'information scientifique
  • : Présente les activités de recherche et de reconstitution de l'association ORCHIS. Travail du cuir, coutures du cuir au moyen age, tannage expérimental ; forge, travail du metal ; production de feu avec un briquet à friction, un briquet medieval à silex, briquet forgé, briquets à amadou...
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